Signez la pétition sur le site de l’assemblée nationale du Québec

Le chef cuisinier, d’origine haïtienne, Paul Toussaint est «insulté». Avec quatre restaurants, un investissement de 16 millions de dollars, et plus d’une cinquantaine d’emploi, il ne pourra pas faire venir sa mère et deux de ses sœurs qui vivent encore en Haïti.

Il lorgnait sur le programme humanitaire du gouvernement fédéral pour pouvoir, enfin, réunir sa famille. Mais le Québec qui dispose de prérogatives en matière d’immigration, refuse d’y participer. Sans Certificat de sélections du Québec (CSQ), ces aspirants à l’immigration canadienne ne pourront pas obtenir la résidence dans le cadre de ce programme.

 «C’est comme une insulte à la société et surtout à la communauté haïtienne en général pour le nombre qu’on est et le travail qu’on fait», s’insurge le chef.

«C’est comme si Québec disait qu’on va montrer aux Haïtiens qu’on ne les veut pas. Parce que je ne pense pas qu’on aurait fermé la porte comme cela à d’autres nations», dit-il dans un élan de comparaison, sans les nommer ces nations. Il a quatre restaurants au Québec et travaille sur d’autres projets en restauration en 16 ans au Canada dont 13 au Québec

«Je contribue à l’avancement de la société dans laquelle je vis tandis que je réalise que cette société-là ne veut de moi ou de mes pairs», déplore Paul Toussaint dont la cuisine est très courue à Montréal.

La communauté haïtienne, notamment la Concertation haïtienne pour les migrants (CHPM) lance une série de mobilisation afin de porter le premier ministre François Legault à changer d’avis. Parmi ces actions, la députée libérale de Bourassa-Sauvé, Madwa-Nika Cadet, parraine une pétition sur le site de l’Assemblée nationale du Québec dont voici la teneur.

CONSIDÉRANT QUE la non-participation du gouvernement du Québec à ce programme pénalise indûment les Québécois d’origine colombienne, haïtienne et vénézuélienne;

Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec de :Participer au programme humanitaire familial pour les Colombiens, les Haïtiens et les Vénézuéliens;

S’engager, le cas échéant, à renouveler sa participation à ce programme ou à toute mesure subséquente du gouvernement fédéral en découlant ou s’y substituant.

La pétition a déjà reçu en 12 heures plus de 600 signaturers. «Je vais demander une saisie de pétition afin qu’une commission parlementaire puisse en analyser le contenu et les élus des différents partis pourront se prononcer et la faire cheminer», annonce la parlementaire en entrevue à In Texto.

Elle rappelle qu’une pétition exprime généralement «une volonté populaire» même si elle n’a pas force de Loi. Une volonté que la députée Cadet sent à travers les appels et les interpellations dans son comté

«On a reçu des appels à mon bureau et je suis interpellée lors des activités locales. Mon collègue Frantz Benjamin, dans Viau, me dit qu’il n’a jamais reçu autant d’appel de son côté.»-M-N. Cadet.

La Maison d’Haïti ainsi que d’autres organismes qui viennent en aide aux immigrants sont inondés d’appels également. Marjorie Villefranche de la MdH craint que le temps des fêtes vienne plomber la mobilisation, mais elle croit en cette mobilisation en tout temps

 «On reçoit beaucoup d’appels de gens qui nous disent : mais faites quelque chose. Le plus dur pour eux c’est de dire qu’on ne pourra pas faire une demande, qu’on ne prendra pas une chance.»-M. Villefranche

Le programme humanitaire, une compensation face à la fermeture du Chemin Roxham, en mars dernier, ouvre la voie à la résidence permanente pour des Haïtiens, Vénézuéliens et Colombiens.

Les Canadiens et résidents permanents originaires de ces pays peuvent faire venir en plus de leur parents des frères et sœurs, ce que la Loi sur l’immigration ne permettait pas.