À quelques quatre mois de la fin du programme de régularisation des « anges-gardiens », demandeurs d’asile, des voix s’élèvent pour demander à Québec d’élargir la mesure spéciale, ce que le gouvernement refuse de faire à date.

Samedi dernier, plusieurs groupes communautaires et politiques, dont le parti Québec solidaire (QS), ont manifesté devant les bureaux de Nadine Girault, la ministre québécoise de l’Immigration, afin de l’appeler à étendre encore plus le programme.

« Ces migrants à statut précaires qui travaillent dans les abattoirs, dans l’entretien ménager, comme agent de sécurité, dans les usines de transformations alimentaires, soutiennent notre société, on doit leur accorder l’accès à des droits.» a dit Andrès Fontecilla, le député de Laurier-Dorion de QS.

Le parlementaire a fait, par ailleurs, une Déclaration à l’assemblée nationale, il y a plus d’une semaine pour condamner la situation en Haïti. Pour lui, il y a une corrélation entre la crise haïtienne et l’arrivée massive (vers 2017) des demandeurs d’asile au Canada.

« Ce que je dénonce surtout, c’est l’intervention du gouvernement canadien qui est très impliqué en Haïti pour protéger le président actuel.», a martelé le député.

« Finissons avec l’ingérence étrangère et laissez le peuple décider de ce qu’il veut pour son avenir. »- A. Fontecilla

Il y a plus de deux mois, la ministre Girault avait promis à la directrice de la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche, de «rester en contact là-dessus.»

Mme Villefranche l’interpellait sur la nécessité de régulariser un plus grand nombre de travailleurs essentiels. « On se reprendra là-dessus.», avait répondu à la va-vite la ministre qui était interrogé sur la question lors du Sommet socioéconomique des jeunes des communautés noires (SdesJ.

La Maison d’Haïti et deux autres organismes québécois ont été désignés pour aider les demandeurs dans leurs démarches, notamment à remplir  et se retrouver dans les dédales des formulaires d’immigration.

En raison de nombreuses difficultés à retrouver les papiers nécessaires, de nombreuses requêtes attendent d’être déposées.

Le fédéral n’attend que Québec

Ottawa espère toujours que Québec va reconsidérer «les critères d’éligibilité» du programme de régularisation des travailleurs essentiels même après l’annonce du début de celui-ci le 14 décembre dernier.

C’est ce que laisse entendre le ministre canadien de l’Immigration Marco Mendicino lors d’une entrevue à In Texto, réalisée en décembre 2020,  au cours de laquelle il affirme que « sa préférence et son approche sont inclusives.»

« S’ils veulent reconsidérer les critères d’éligibilité, je suis toujours prêt. Ma préférence c’est de créer un programme inclusif.», indique le ministre qui se dit par ailleurs bien au fait «des inquiétudes de la communauté haïtienne» en ce sens.