L’Etincelle de Tamara Suffren a mis le feu au Collège Ahuntsic de Montréal

Par Bélizaire Raphaël et Jean Robert Févry
Samedi, le 10 mai 2025, le Collège Ahuntsic de Montréal a vibré au rythme d’une flamme artistique rare : celle de Tamara Suffren. La chanteuse a offert un concept-spectacle porté par une équipe scénique complète sous la houlette du metteur en scène David Mézy. Une comédie musicale digne de son nom ou chanson et texte se sont entremêlés pour le grand plaisir d’un public attentif.
Le rideau s’est levé à 19h, dans une atmosphère feutrée avec les mots de bienvenue du MC, John Wesley Delva, suivi d’une tendre intervention du metteur en scène qui a rendu hommage aux femmes battantes et inspirantes comme pour saluer les mamans à la veille de la fête des Mères.
Tamara Suffren était entrée en scène, toute de noir vêtue. Elle était accompagnée des choristes Cinthia Michel et Hadler Chery, du claviériste ivoirien David Mobio, du batteur Wess Beaudry, du bassiste Watson Joseph, du guitariste sénégalaise Assane Seck et des danseuses Melissa et Anicka.
Ce spectacle a été un moment de communion entre la chanteuse et son public, à qui elle a voulu raconter une page d’histoire de sa vie. Tamara a utilisé plusieurs formes d’expressions artistiques dans un scénario de 19 pièces intercalant chansons, chorégraphies de danse, jeux de rôle et poésie pour dévoiler certains aspects méconnus de son existence aux participants à son spectacle.
Hommage à ses parents
Ce sont les pièces « J’ai mal à la tête, je suis impuissante et Ayiti melodi damou » du feu Ansy Dérose qui ont constitué la première manche du spectacle présenté en six tableaux.
« Étincelle » allait prendre son envol avec « Ale Trankil ». Une chanson écrite en hommage à ses deux parents partis trop tôt pour l’au-delà dans l’espace d’un mois en 2019.
La chanteuse en a profité, à travers une vidéo projetée en arrière-plan, pour saluer la mémoire de certaines figures emblématiques de la vie politique, sociale et culturelle d’Haïti dont Liliane Pierre Paul, Antoinette Duclair, Boulo Valcourt, Ansy Dérose, Black Alex, Emmanuel (Manno) Charlemagne, Frankétienne, Odette Roy Fombrun. Une ovation nourrie a marqué ce moment de recueillement à 20 heures 15.
Le temps d’un extrait vidéo d’un reportage poignant sur la situation sécuritaire d’Haïti qui a provoqué un éveil de conscience, Tamara Suffren a entamé la troisième partie du spectacle avec sa chanson « Bonjou », première plage de son album « Impulsion » sorti en 2018.
Elle a été rejointe sur scène par Papy Jay dans sa chanson « Pleures dans la pluie » avant de conclure cette manche avec « Lanmou doudou », ancien succès de Jacques Sauveur Jean.
Des invités de marque
Les performances remarquables de Marco Volcy dans « Elle » et dans son jeu de rôle avec Tamara Suffren ans le texte « Ale ou vle ale » sont à signaler. C’est Rebecca Jean dans sa chanson « Désolé » qui a mis fin à la quatrième tranche du spectacle.
L’un des moments les plus attendus du spectacle est enfin arrivé : l’entrée en scène de BIC Tizon Dife (Roosevelt Saillant) qui a secoué le public sous le son de « Nou byen mal » dont le public connaît par cœur toutes les paroles et toutes les notes.
La soirée allait se clôturer sous des notes d’amour et de lumière. Tamara Suffren a dit son texte « Je suis debout », a chanté « Ma passion » de son album, a repris les refrains de son spectacle « Étincelle » pour ensuite mettre le feu dans la salle au son de « Kreyol pale kreyol konprann », chanson compilant nos proverbes créoles et composés sur fond de rythmes du terroir.
À 21h45, le spectacle a pris fin avec la présentation des artistes invités, des musiciens et des membres de l’équipe organisatrice. Tamara Suffren a remercié notamment David Mézy, Dimy Frédéric, Johnny Filoica pour avoir contribué à la réalisation du spectacle.
Le contenu de ce spectacle est la preuve que nos artistes et créateurs ne sont pas à court d’idées en matière de propositions et sont à même de satisfaire n’importe quel public exigeant.
Une soirée étincelante, à l’image de Tamara, véritable prêtresse d’un art total, vibrant, généreux et profondément enraciné dans l’âme haïtienne. Étincelle a été la célébration de la mémoire, de la parole, du rythme et de l’amour.
Tamara Suffren prend rendez-vous avec son public au Club Balattou le 1er juin 2025 et au festival Haïti en Folie le 27 juillet 2025 à Montréal pendant qu’elle travaille sur la sortie d’une chanson avant l’arrivée de son prochain album.