La CJSM soigne au-delà de Saint-Michel en six ans

Sandrine Gagnon-Lozin de Blainville, Manoushka Bien-Aimé de Sherbrooke, Sandrine Demers de Laval et Esmaya Jilwan de Montréal n’avaient rien en commun avant de se rencontrer dans un stage à la Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM), comme étudiantes en droit. Elles font toutes partie du Comité sur le profilage racial de la CJSM et elles ont chacune une motivation.
Sandrine Demers est blanche et n’a jamais été « marginalisée», dit-elle. «Ce qui m’intéresse c’est de voir comment je peux utiliser mon privilège de femme blanche pour aider et agir pour une cause concrète qui me tient à cœur», confie l’étudiante en droit rencontrée par In Texto en marge de la visite du juge en chef du Canada Richard Wagner à la CJSM.
En revanche, Sandrine Bien-Aimé cherche plus d’outils juridiques afin de pouvoir défendre ses pairs, mais aussi sa famille. «Je suis venue au CJSM pour cela, confie-t-elle, car j’ai des proches qui sont victimes de cela, que ce soit à Sherbrooke ou à Montréal. Mon père et mon frère jumeau ont été victimes».
Son père est Haïtien et sa mère est Blanche d’une famille de Sherbrooke ou la situation des Noirs au volant n’est pas différente face à la police. Sandrine Gagnon-Lozin, de Blainville, est métisse elle aussi. « Je suis à la recherche de nouvelles expériences, ce stage pourrait avoir un impact sur ma communauté », dit-elle pour sa part.
Avec du sang italien, libanais et syrien à la fois, Esmaya Jilwan dit vivre, avec sa famille, le profilage d’un autre niveau. Ce que vivent les Arabes et les Noirs dans les rues avec la police n’est rien comparé aux fouilles systématiques dans les aéroports.
« On se fait retenir à la frontière pendant plus de 3 heures au moins. Je n’ai pas vécu cela avec la police. C’est plus calme avec la police qu’avec les agents douaniers », croit l’étudiante en droit.
Un juge en chef à la CJSM
La CJSM a six ans. Elle vient de célébrer ces années à travers un Gala auquel le juge en chef du Canada a pris part.
Mais quelques heures, avant l’honorable Richard Wagner a mis les pieds dans les locaux de la Clinique dans Saint-Michel et a discuté avec les avocats et les stagiaires.
Ce fervent défenseur de l’accessibilité universelle à la justice avait des questions sur comment cela fonctionne. Il avait, peu avant, fait le même exercice en Outaouais et à Toronto.
La CJSM reçoit une douzaine de cas par semaine sur tous les aspects du droit. Les étudiants informent les usagers sur le recours, leur droit par téléphone, vidéoconférence ou en présentiel. En plus du Comité sur le profilage racial, la Clinique dispose aussi d’une équipe de première ligne en matière de consultation de toute sorte.
« Quelle équipe que vous avez ! », s’est exclamé le juge Wagner qui dit avoir « beaucoup entendu parler de la cette Clinique-là, du travail qu’elle fait dans ce quartier ». «Le plus d’informations qu’on donne aux gens, meilleure sera la société », ajoute-t-il.
Le slogan de la Clinique en dit long sur sa brochette de stagiaire et avocats: « S’unir dans la différence pour faire la différence ». Elle est en droite ligne du combat du juge en chef à savoir qu’il s’agit d’un OBNL qui cherche à promouvoir l’accessibilité à la justice.
Alors que les besoins juridiques dans l’Est de la ville sont criants et que plusieurs centres communautaires dans ces quartiers n’ont pas les ressources adéquates pour répondre à un tel besoin, la CJSM met une équipe de professionnels à la disposition de la population montréalaise ayant des problèmes juridiques. Mais ses services s’étendent à tout le Québec, jusqu’à Sept-Îles même ou encore Île-de-la-Madeleine.
La CJSM a reçu aussi le mandat du ministère de la Justice Canada afin de mener des consultations publiques sur la discrimination et la surincarcération des personnes noires dans le système de justice pénale canadien.
L’objectif est de faire un portrait de la situation dans l’ensemble du Québec dans le cadre de la stratégie canadienne en matière de justice pour les personnes noires. Nous invitons toute personne ayant des origines afrodescendantes à se prononcer et à partager leurs expériences de près ou de loin sur ces enjeux soit en répondant au questionnaire et/ou en participant aux consultations.



