Jean Jean Roosevelt et DISIP : un tandem inhabituel à Montréal

À l’initiative de Ibomizik, une soirée inaccoutumée a été organisée à Montréal le dimanche 18 mai à l’occasion des 222 ans de la création du drapeau haïtien. L’artiste de scène Jean Jean Roosevelt et DISIP de Gazzman (Couleur) Pierre ont partagé la salle de réception Amiens d’une capacité de 625 places, à Montréal .
Malgré la pluie annoncée pendant toute la semaine à Montréal qui a provoqué la baisse de la température, au moins 900 personnes ont participé à la soirée, selon les organisateurs. Le bicolore bleu et rouge a tapissé le fond de la scène pendant toute la prestation de Jean Jean Roosevelt qui a ouvert les festivités à 22 heures 30 alors que les fêtards commençaient déjà à prendre place dans la salle.
L’interprète de « Donner le monde aux Femmes » a démarré sa prestation avec la chanson « Y a danger » pour dénoncer la passivité de nos actuels et récents dirigeants face au danger qui guette notre chère Haïti depuis plus d’une décennie.
Jean Jean et ses musiciens ont enchaîné avec la chanson « Anweee » pour lancer le cri du cœur devant la descente en enfer du pays que nous chérissons tous. À travers la chanson « Dessalines » l’artiste entendait rappeler le public le rôle et la détermination de l’empereur Jean Jacques Dessalines dans la fondation de la première république noire.
Les chansons « Gade léw, Peyi Mizik, Acclimatisation » ont été interprétées par Jean Jean et ses musiciens avant de boucler la boucle avec « Agoye ». Une chanson à la sauce Rara pour nous rappeler nos origines africaines.
Dès les premières notes de « Ase » le public commençait déjà à chanter avec Gazzman Couleur dont la performance et la puissance de la voix ne font aucun doute.
DISIP a été appuyé par la choriste Cynthia Michel qui chantait aussi en lead avec le chanteur dans des duos comme « It doesn’t matter ». Les chansons « Sexy love, Jalou, Madan’m mwen te met pa bon » ont fait partie du répertoire de DISIP lors de cette soirée du 18 mai 2025 à Montréal.
Gazzman Couleur a invité Jean Jean à le rejoindre sur scène pour clôturer la fête avec « Kobay », chanson de Jean Philippe Martelly dont l’interprétation sur l’album live de Dzine en 1999 a connu un succès fou. Ça a été un moment fort de la soirée où le natif de Jérémie a fait montre de ses talents comme chanteur du Compas direct, le genre musical de ses débuts.
Sous les applaudissements du public, les deux chanteurs ont exprimé leur appréciation l’un pour l’autre et mettent fin à la fête. La qualité de la prestation de DISIP était appréciable. Cependant, on pouvait constater une faiblesse au niveau de sa ligne mélodique et harmonique.
Le keyboardiste, Miky Darelus n’a pas eu le temps de répéter avec le groupe alors qu’il a dû remplacer Ti Nés qui ne pouvait pas voyager en Californie la veille et à Montréal le dimanche 18 mai. Pour le reste, la combinaison Kendel Etienne (Kandoudou) et Michel Pierre (Ti Michel) aux cordes est l’une des meilleures dans le Compas direct actuellement. L’originalité du jeune Jeff Auguste a la basse tend à créer une identité propre à DISIP qui, au niveau rythmique, possède la formule de jeu d’ensemble qui marche et prend soin des tympans de ses fans.
Jean Jean Roosevelt envisage de se repositionner sur la scène musicale
La proposition de Jean Jean Roosevelt tend vers un melting pot musical. Il s’agit d’un hymne à la diversité, la fusion interculturelle, la tolérance et l’apprentissage de l’autre.
L’artiste joue avec des musiciens qui sont de 6 nationalités différentes. Chacun apporte sa culture, son rythme, sa musique, son éducation et son histoire dans une alchimie très rare, se réjouit Jean Jean. Ses musiciens sont le guitariste coréen, Hyunjin Cheon, le bassiste canadien, Etienne Martin, le pianiste moldave, Alin Nikita, la saxophoniste mexicaine Geneviève, le percussionniste haïtien, Ronald Nazaire, la choriste américaine, Abi Anders et le batteur haïtien West Baudry
Jean Jean Roosevelt entend garder ces musiciens pour en faire un groupe musical professionnel qui pourra l’accompagner partout dans ses prestations. La priorité sera accordée à son groupe, mais n’écarte pas la possibilité de performer seul, avec sa guitare, quand il le veut selon les circonstances.