DPJ : Québec veut nationaliser l’approche du BCHM

Des enfants signalés à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) par l’école parce que sa boite à lunch ne contenait que deux tranches de pain avec du beurre, des barrières de langue, des retards de langage liés aux parcours migratoires difficiles : le programme Option-protection du Bureau de la communauté haïtienne (BCHM) fait face à des centaines de cas du genre depuis son implantation en 2020.
« Nous avons pu éviter ou retirer au-delà de 1000 enfants du système de la DPJ depuis la mise sur pied du programme », confirme la responsable d’Option protection, la travailleuse sociale Marie-Suzie Casséus, en entrevue à In Texto et Radio Nou.
Un rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du 24 avril dernier, révèle qu’il existe une culture valorisant le placement et l’adoption au détriment des liens familiaux, souvent au mépris des droits des enfants et des parents.
Le document dénonce également des pratiques troublantes à la DPJ de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, incluant la « falsification de preuves, mensonges et dissimulation devant les tribunaux», compromettant ainsi les décisions sur des enfants vulnérables.
Ces nouvelles données ont amené le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant a rencontré les communautés les plus touchées par les cas de DPJ, dont les Haïtiens, afin de mieux adresser la problématique. Et à cette rencontre, le programme Option-protection a été pris comme modèle à reproduire à travers le Québec.
«Le ministre Carmant nous a exprimé son intention de nationaliser notre modèle d’approche dans toute la province », indique Ruth Pierre-Paul, la directrice générale de BCHM.
Une enquête plus approfondie réclamée
À la suite du rapport de la CDPDJ sur les mauvaises pratiques des intervenantes de la DPJ, la porte-parole de l’opposition officielle en matière de protection de la jeunesse et députée de Robert-Baldwin, Brigitte Garceau à « agir rapidement ».
« Devant ces dérives, la CDPDJ doit intervenir pour réviser tous les dossiers de placement et d’adoption au moins depuis 2023. Il en va de la confiance envers nos institutions et du respect des droits fondamentaux des familles. », dit-elle
Cinq ans de travail
Ce programme, débuté depuis octobre 2020, est un partenariat novateur entre le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et le BCHM sur la base de constats de surreprésentation des enfants noirs dans les services de protection de la jeunesse, mais aussi des défis systémiques auxquels font face les jeunes et familles des communautés noires.
«L’idée de créer ce programme nous est venue après que des demandeurs d’asile eurent commencé à frapper à nos portes pour des problèmes avec la DPJ.», révèle Ruth Pierre-Paul, directrice générale du BCHM.
«Avec le chemin Roxam, nous commençions à avoir dans les services anglophones, des jeunes haïtiens d’expression anglaise.», renchérit Marie-Pierre Ulysse, gestionnaire au centre Batshaw, l’équivalent anglophone de la DPJ.
Des personnes cherchant la protection du Canada sont arrivées à la frontière avec les USA dès 2017 à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
Le projet Option Protection est un projet parapluie qui consiste à organiser une médiation culturelle dans les sphères de vulnérabilités des communautés ethnoculturelles qui entravent leur insertion sociale réussie au sein de la société.
Option Protection est un partenariat novateur entre le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et le BCHM mis en place compte tenu des constats suivants :
- Les enjeux de surreprésentation des enfants noirs dans les services de protection de la jeunesse;
- Les défis systémiques auxquels font face les jeunes et familles des communautés noires.
Le BCHM et le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal ont décidé d’agir autrement et d’offrir un accompagnement additionnel aux familles.
Le BCHM met l’accent sur la prise en charge individuelle et collective, bonification des compétences parentales, l’estime de soi et l’autonomisation des familles et des communautés desservies.
Le programme Option Protection vise aussi la transformation sociale :
- Par la collaboration du BCHM avec divers systèmes (Direction DPJ, Direction Programme Jeunesse, écoles, CLSC, police, justice) afin d’améliorer les interventions auprès des communautés noires;
- Par la compilation et l’analyse des données via un volet de partenariat et de recherche;
- Par le partenariat avec la DPJ afin d’aider au recrutement d’intervenants qui reflètent la diversité de la clientèle.