Fin du TPS aux É-U : le Canada craint des débordements

Avec la fin du TPS (Temporary Protected Status) aux États-Unis, en février prochain, les autorités canadiennes craignent une nouvelle vague de demandeurs d’asile à la frontière. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui participe à la surveillance de la lisière avec les É.-U. lance une campagne de sensibilisation à l’endroit des Haïtiens par rapport au risque d’une traversée illégale.
Une vidéo en créole d’un agent de la GRC, d’origine haïtienne, tourne sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. On peut y voir le gendarme qui avertit les demandeurs des risques de tomber dans des marécages, de se perdre dans les bois et de tomber en hypothermie par temps froid, entre autres dangers.
Regardez la vidéo ICI
https://www.facebook.com/watch/?v=24381151101527864&rdid=Cxa1bVW8h71zeAvN
« L’hiver arrive. Et avec la fin du TPS en février, on craint que les gens commencent à paniquer et venir illégalement par les boisés. On ne souhaite plus des situations comme Fritznel Richard », indique le gendarme Didley Arboite en entrevue avec In Texto sur les raisons de cette campagne.
Fritznel Richard, un demandeur d’asile haïtien de 44 ans, est mort d’hypothermie en tentant de traverser la frontière entre le Canada et les États-Unis près du chemin Roxham, le 4 janvier 2023, lors d’une tempête hivernale.
La GRC refuse de divulguer toutes données statistiques sur les arrestations de demandeurs d’asile qui tentent de traverser illégalement au Canada en provenance des États-Unis. « On en intercepte par jour, entre 10 à 15 dans les bois », confie le gendarme qui travaille sur la frontière depuis 4 ans.
Selon lui, les gens ne sont bien informés du climat, des règles en matière d’immigration notamment. «Il y en a qui ne savent pas, par exemple, qu’ils pouvaient se présenter à un port de douanes et faire leur demande légalement, alors qu’ils ont de la famille au Canada », s’étonne M. Arboite.
Depuis le 25 mars 2023, l’Entente entre le Canada et les États-Unis sur les tiers pays sûrs qui a occasionné la fermeture, du même souffle, de chemin Roxham, il est plus difficile de traverser la frontière.
L’Entente prévoit, toutefois, des exceptions qui prennent en considération l’importance de l’unité familiale, l’intérêt supérieur de l’enfant et l’intérêt public.
Il y a quatre types d’exceptions : Exceptions concernant les membres de la famille (père, mère, frère, sœur, oncle, tante), concernant les mineurs non accompagnés, concernant les titulaires de documents et enfin concernant l’intérêt public.
Exceptions concernant les membres de la famille
Les demandeurs d’asile peuvent être visés par cette catégorie d’exceptions si un membre de leur famille : est un citoyen canadien; est un résident permanent du Canada; est une personne protégée en vertu de la législation canadienne en matière d’immigration; a présenté une demande d’asile au Canada qui a été acceptée par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR); a obtenu un sursis à son renvoi pour des motifs d’ordre humanitaire; est titulaire d’un permis de travail canadien valide; est titulaire d’un permis d’études canadien valide; est âgé de plus de 18 ans et a présenté une demande d’asile qui a été déférée à la CISR aux fins de décision
La campagne de la GRC vise à encourager les gens à effectuer une traversée sécuritaire. Ceux qui n’ont pas de membres de leur famille faisant partie de l’exception se risquent dans les bois même en hiver pour échapper à une déportation des États-Unis vers leur pays d’origine.
« Je sais qu’il y en a qui préfèrent mourir que de retourner en Haïti, mais je leur dis qu’il vaut mieux être vivant pour pouvoir aider sa famille restée au pays », prêche le gendarme Arboite à ces gens.
« Étant d’origine haïtienne moi-même, ça me fait quelque chose de voir cette détresse » confie le policier.
En 2024, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a traité 58 920 demandes d’asile, dont 31 440 seulement au Québec. On parle de 16 935 de janvier à juin 2025.