Ces pesticides menacent la santé des immigrants

Santé Canada met en garde contre l’utilisation de trois produits contenant du dichlorvos (Sniper, Lava, Supa Dichlorvos), utilisés majoritairement par de nouveaux arrivants contre les punaises de lit et des insectes.
Les immeubles dans les quartiers pauvres rencontrent souvent ce type de problèmes, en raison de la négligence des propriétaires. Les personnes nouvellement arrivées au Canada louent des logements en mauvais état, faute de moyens.
« Ces gens-là ont parfois peur de parler à leurs propriétaires pour leur faire part d’un problème de punaises ou d’insectes. Ils se disent : je vais régler le problème moi-même. Mais ce faisant ils s’exposent à des problèmes de santé », fait remarquer Pierre-Olivier Duval, gestionnaire du Programme de la conformité des pesticides à Santé Canada.
Le Sniper 1000 EC DDVP, le Lava 100% EC et le NOPEST, souvent offerts sur les réseaux sociaux, ont une concentration de Dichlorvos jusqu’à 5 fois plus que ce qui est autorisé, et donc très nocif pour la santé.
Interdits à l’état pur, des voyageurs entrant au Canada par voie terrestre ou aérienne réussissent à en faire passer, en douce. Les autorités les retracent également au niveau des Centres de tri postaux (Toronto, Montréal, Vancouver) ; de Centres de tri des compagnies d’expédition privées ; et des Importations commerciales (conteneurs inspectés par l’ASFC dans les ports maritimes).
- Depuis 2018, l’ASFC a saisi 360 litres (majoritairement en format de 100 ml, mais pouvant aller jusqu’à 1L) dont 1000 bouteilles de 100 ml saisies en juillet 2025 dans un conteneur maritime à Montréal.
- Au niveau des importations, depuis 2018 on compte 59 interceptions de Sniper (ou autres produits à base de dichlorvos) suite à des cas référés par l’ASFC.
«Les traitements d’extermination sont couteux. Les gens qui l’utilisent sont de nouveaux immigrants qui probablement l’utilisaient dans leur pays », estime Pierre-Olivier Duval de Santé Canada.
« C’est une préoccupation pour nous que des gens aient accès à ces produits », ajoute-t-il.
Ces insecticides qui contiennent du dichlorvos (DDVP), une substance toxique peuvent causer des sueurs, des nausées, des vertiges et des maux de tête. Ils peuvent provoquer des faiblesses, vomissements, diarrhées, tremblements, des convulsions et une perte de conscience, entre autres.
Le gestionnaire dit ne pas avoir de données précises sur des cas de maladie causée par ces produits, mais « je me doute qu’il doit y en avoir » dit M. Duval en entrevue avec In Texto.
«Les centres antipoison sont au courant de la présence de ces produits. Malheureusement, bien souvent les gens qui sont exposés vont l’associer à autres et ne pensent pas que c’est le pesticide qui a causé l’inconfort. On n’a pas de données, mais on se doute qu’il doit en avoir » – Pierre-Olivier Duval.
Santé Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) travaillent en étroite collaboration afin d’empêcher l’entrée au Canada de pesticides non autorisés.
Santé Canada invite toute personne à signaler les produits non conformes offerts sur le marché, dont les insecticides non homologués à base de dichlorvos, à Santé Canada en communiquant avec le Programme de la conformité des pesticides (pcp-pcp@hc-sc.gc.ca).
En cas de symptômes ou d’effets secondaires possiblement liés à un produit à base de dichlorvos, il est recommandé de contacter votre médecin ou le centre antipoison de votre province.
Un article rédigé grâce à l’appui du Fonds du Canada pour les périodiques (FCP) du gouvernement du Canada